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Charles SAINT-PEZ
Né à Roz-Landrieux, le 19 juin 1749, recteur d'Aucaleuc, "aisi & Carfantain, le 24 avril 1794. Guillotiné à Saint-Malo, le 14 mai suivant.
(Archives d'Ille-et-Vilaine, actes de la Commission O'Buen, dossier 39.)
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1-Interrogatoire par le District de Dol le 15 avril 1794
2-Interrogatoire par la commission militaire de Saint-Malo
3-Jugement et condamnation du 13 mai 1794 (Archives d'Ille-et-Vilaine)

Le jeune Saint-Pez fit ses études au collège de Dol, où, nous dit l'abbé Carron, il ne cessa d'être un modèle d'édification pour tous ses condisciples. Ordonné sous-diacre en 1773, il fut fait diacre le 19 mars 1774 et prêtre le'i" avril 1775 par Mgr des Laurents, évêque de Saint-Malo (1) ; mais appartenant par sa naissance au diocèse de Dol, il fut d'abord chargé de la chapellenie de Saint-Julien de Lang, en Miniac-Morvan (2). Dans la suite, on le nomma, au commencement de 1788, curé d'office de Lillemer, puis du Vivier. En août de la même année, il devint curé d'office de Sainte-Urielle, petite paroisse aujourd'hui supprimée et réunie à Trédias. Il occupa ce poste jusqu'en novembre 1789 (3). Partout, écrit M. Tresvaux, il s'acquit l'estime et l'affection de ses paroissiens ainsi que celles de son évêque, Mgr Hercé, par sa piété et son zèle dans les retraites et les missions : genre de ministère auquel il se livra avec succès, parfois même sous les yeux du premier pasteur du diocèse qui ne regardait pas ce travail comme au-dessous de sa dignité.
Aussi, la cure de Saint-Coulomb étant devenue vacante au commencement de 1789, par la mort du recteur Gilles Bourde, Mgr de Hercé proposa-t-il ce bénéfice assez important à l'abbé Sainf-Pez, mais l'humble prêtre supplia le prélat de le laisser au contraire dans " le fond des terres, bien loin des villes ". On lui donna satisfaction en le nommant, le 29 octobre 1789, recteur d'Aucaleuc, petite paroisse située à quelques lieues de Dinan. " II ne tarda pas à y conquérir l'estime, non seulement de ses enfants spirituels, mais encore des fidèles de tous les lieux voisins. Il fit naître au milieu de son troupeau le goût des choses saintes et une piété fervente ", écrit l'abbé Carron. " II établit la dévotion si touchante au Sacré-Cœur de Jésus, rendit la jeunesse édifiante, les ménages unis et vertueux. Durant son court séjour à Aucaleuc, tout son peuple se renouvela. Rempli de l'esprit du Seigneur, i\ le répandait autour de lui, et ses auditeurs ne sortaient de ses instructions que profondément attendris.
II va sans dire que le recteur d'Aucaleuc refusa constamment de prêter le serment schismatique que la nouvelle Constitution prétendait imposer au Clergé de France. Il ne se résigna cependant à s'éloigner de sa paroisse que le plus tard possible. Il percevait encore son traitement de recteur en avril 1792. Du reste, il déclara lui-même dans un de ses interrogatoires qu'il n'abandonna Aucaleuc qu'au mois de septembre 1792, époque à laquelle la loi du 26 août précédent l'obligea à s'exiler. D'après l'abbé Carron, il se retira alors durant quelques jours à Roz-Landrieux, auprès de sa mère malade ; mais on ne l'y laissa pas séjourner et il dut s'embarquer pour Jersey où il arriva vers la fin de septembre. A peine eut-il passé un mois sur cette terre étrangère, que l'amour du sol natal et surtout le désir d'être utile aux âmes qu'il savait en France exposées à tant de dangers, bouleversèrent tout son être.
Il alla donc trouver son évêque, Mgr de Hercé, réfugié comme lui à Jersey, et lui demanda la permission de rentrer en Bretagne. " Mon cher Saint-Pez, lui répondit le prélat, en retournant dans ta patrie, sais-tu bien que tu voles à la mort ?"
- C'est très probable, Monseigneur, répondit le saint prêtre, mais qu'importe ; mon troupeau a besoin de moi, je dois me sacrifier pour lui. Devant de tels arguments, l'évêque céda. M. Saint-Pez s'embarqua donc sur un bateau français avec deux autres prêtres, dont l'un était l'abbé Joseph Morel, de Carfantain, qui périt lui aussi victime de son zèle (4) ; ils débarquèrent sur la côte, non loin de Saint-Coulomb.
Alors pour lui commença une vie errante et apostolique. Il séjourna, dit-il lui-même, dans diverses maisons de Saint-Coulomb et du Marais de Dol. Il s'en fut même à Dinan. Il parut aussi à Pleudihen, à Miniac, à Baguer-Morvan et à Carfantain, prodiguant partout les consolations de la religion aux nombreux fidèles qui étaient demeurés attachés aux bons principes. Ce fut au cours de cette vie pleine de périls qu'il fit la rencontre d'un jeune homme qu'il décida à le suivre.