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Francoise-Thérèse BRUNET
Née, à Pluduno, le 7 août 1729. Guillotinée à Rennes le 26 juillet avec son époux Alexis-Louis de BEDÉE
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M. Tostivint et M. de Bedée étaient à vrai dire perdus, du fait de leur transfert aux prisons de Rennes. Mais cela ne suffisait pas à la félicité des administrateurs du district de Montfort. Mme de Bedée, seule et éploree, était restée au Moulin-Tizon. Pour que la joie fût complète, il fallait que sa tête rejoignît sur l'échafaud celles de son mari et de l'ancien précepteur de ses enfants. On envoya donc, le mercredi 16 juillet, toute une expédition avec mission de poser les scellés au manoir du Moulin-Tizon et d'arrêter la châtelaine.
Elle dut cependant suivre de près cette première opération, puisque le lendemain, Françoise Brunet comparaissait comme prisonnière devant le district de Montfort et y subissait un long interrogatoire. On verra par le compte rendu qui nous en est resté que, si M. et Mme de Bedée étaient abondamment pourvus de fiches dans les cartons du district, le zèle des dénonciateurs sans-culottes s'était en particulier exercé contre la châtelaine du Moulin-Tizon.
Les multiples griefs invoqués contre elle ne pouvaient lui laisser d'illusion sur le sort qu'on lui réservait. Vingt-quatre heures après son l'interrogatoire, on envoyait Mme de Bedée rejoindre son mari et l'abbé Tostivint dans les prisons de Rennes, où elle fut écrouée le Ier thermidor an II (19 juillet 1794) avec l'abbé Chilou. Voici la lettre par laquelle on annonçait son arrivée à l'accusateur public :
Montfort-la-Montagne, 30 messidor, an II de la République une et indivisible (18 juillet 1794).
Le substitut, délégué national du district de Montfort, à l'accusateur public près le Tribunal criminel à Rennes. Je t'adresse, citoyen, le nommé Chislou, prêtre, François Louessard, receleur du dit prêtre, et la Bedée, femme Bedée du Moulin-Tizon, dont son mari est incarcéré pour avoir recelé chez lui Tostwint prêtre, que je t'ai envoyé il y a trois jours. Tu trouveras d-joint les interrogatoires de ces trois individus, de tout quoi tu voudras bien m'accuser réception.
Salut et fraternité. " Signé : ALLIOU.
Les juges de Rennes devaient attendre l'arrivée de Mme de Bedée pour instruire l'affaire de son mari et de l'abbé Tostivint. Elle présente, la fournée était au complet. On commença donc aussitôt. Au reste, se conformant à la loi, les tribunaux à cette époque ne faisaient pas traîner : un interrogatoire pour s'assurer de l'identité des prévenus, quelques questions pour la forme sur les principaux griefs qu'on reprochait aux accusés, et la conscience des juges se trouvait suffisamment éclairée pour pouvoir, loi en mains, condamner, à la peine capitale.
C'est ce qui se passa pour l'abbé Tostivint et ses deux généreux receleurs. M. Tostivint déclara n'avoir pas prêté le serment constitutionnel. Quant au reste des charges qu'on lui imputait, il les nia, sans doute pour ne pas fournir de nouveaux griefs aux révolutionnaires contre ses co-accusés et tâcher de les soustraire à la mort. Le chanoine G. de Corson écrit que M. de Bedée, comptant encore sur la conscience des juges, rédigea dans sa prison un long mémoire justificatif de sa conduite. De leur côté, le conseil municipal et le comité de surveillance de Landujan signèrent à l'unanimité d'énergiques réclamations en faveur de leurs compatriotes "qui n'avaient cessé de rehausser le plus loyal patriotisme par les plus généreux bien-faits (1) ". Mais tout fut inutile. Le siège des juges était fait à l'avance. Aussi, dans son audience du 7 thermidor an II, le Tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine condamna-t-il les trois prévenus à la peine de mort.