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Yves-Jean-Baptiste DELAUNAY
Né au Fief-Sauvin, le 18 mars 1725, prieur-recteur génovéfain de Rillé. Exécuté à Rennes, le 3 août 1794.
(Dossier 269 des actes du tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine, série B, Parlement, aux Archives d'Ille-et-Vilaine.)
 
 
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NÉ au Fief-Sauvin, canton de Montrevault actuel, dans le diocèse d'Angers, le 18 mars 1725, Yves-Jean-Baptiste Delaunay, fils de noble homme J.-B. Delaunay, sieur de la Boizardière, et de damoiselle Suzanne Terrien, fut ondoyé le jour même. Le supplément des cérémonies du baptême n'eut lieu que le 24 mai suivant. Il fut présidé par un frère de son père, l'abbé Pierre Delaunay, alors curé de Saint-Laurent-durMottay.
Le jeune Delaunay, écrit le chanoine Guillotin de Corson, fut élevé par les Bénédictins de la célèbre abbaye de Saint-Florent de Saumur. Il n'entra pas pour cela cependant dans leur congrégation et leur préféra celle des chanoines réguliers, dont la maison-mère était l'abbaye de Sainte Geneviève de Paris. Il fit profession, à l'âge de 21 ans, chez les Génovéfains.
Devenu religieux à l'abbaye de Saint-Pierre de Rillé, en Fougères, il fut envoyé administrer, le 17 décembre 1764, le prieuré-cure de Québriac. Il y demeura jusqu'au 13 mai 1789, date à laquelle la confiance de ses supérieurs l'appela comme prieur claustral de Saint-Pierre de Rillé, charge à laquelle il joignait la desserte de la paroisse dite de Notre-Dame ou Saint-Eloy de Rillé, au faubourg de Fougères.
Lorsque la loi du 14 octobre 1790 vint obliger tous les religieux français à déclarer si, oui ou non, ils consentaient à mener encore la vie de communauté, le P. Delaunay répondit qu'il désirait demeurer dans son abbaye pour y continuer ses fonctions pastorales avec l'aide d'un vicaire. Il fit connaître, à cette occasion, qu'il avait alors 66 ans d'âge et 45 ans de vie religieuse.
 
Quelques semaines plus tard, la funeste loi du 27 novembre 1790, sanctionnée par le faible Louis XVI le 26 décembre suivant, vint soumettre tous les ecclésiastiques français à charge d'âmes à l'obligation de prêter serment à la néfaste constitution civile du Clergé, mais le P. Delaunay refusa de s'y conformer. Bien plus, le 18 juin 1791, les " patriotes " de Fougères invitèrent vainement ce bon religieux à se joindre pour les Fêtes-Dieu aux processions des paroisses de Saint-Sulpice et de Saint-Léonard, alors présidées, par des schismatiques; quoiqu'on eût pris soin de l'avertir qu'un refus de sa part entraînerait la suppression immédiate de sa paroisse. Aussi, dès le 23 juillet de cette année, les membres du district de Fougères délibéraient-ils sur la suppression prochaine de l'église de Rillé. On faisait valoir " que le sieur Delaunay n'admettait pas la loi du serment et que ses principes, opposés à la nouvelle Constitution, l'engageaient sans cesse à des démarches plus indiscrètes les unes que les autres et qu'on lui reproche d'admettre dans son église tous les prêtres ennemis du serment et de leur donner l'autorisation d'y célébrer ". (Cf. p. 120.)
Finalement, la paroisse de Rillé fut supprimée le 16 novembre 1791 et, le 19 de ce mois, on fit défense au P. Delaunay d'exercer désormais aucunes fonctions curiales. Bien plus, le 21 décembre suivant, les autorités fouger aises, à la suite de l'arrêté du Conseil général d'Ille-et-Vilaine du 14 décembre précédent, signifièrent à l'ancien prieur deRillé d'avoir à s'éloigner à trois lieues au moins de Fougères. Il obéit à cet ordre et se réfugia à Monteurs, chez son collègue, le génovéfain Turgis; mais c'est en vain qu'il sollicita quelques semaines après de rentrer à Fougères, pour y recevoir les soins que nécessitait son état de santé, les révolutionnaires de cette ville lui firent refuser cette autorisation, le 15 février 1792. (Cf. p. 121.)